La géopolitique de l'Alliance des États du Sahel : une alternative émancipatrice et contre-hégémonique

Résumé

La recherche analyse l'Alliance des États du Sahel comme un projet géopolitique contre-hégémonique dans le contexte de l'Afrique occidentale, né après les coups d'État au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Cette alliance est une réponse à l'héritage du colonialisme et du néocolonialisme français, caractérisé par la dépendance économique, l'ingérence militaire et la mise en place de gouvernements locaux serviles aux intérêts étrangers. L'instabilité régionale et l'instrumentalisation du terrorisme par les puissances occidentales ont conditionné l'émergence de juntes militaires aux programmes émancipateurs et anti-impérialistes. Dans un contexte de transition intersystémique vers la multipolarité, la coalition se conceptualise comme un mécanisme d'intégration régionale alternatif qui vise l'émancipation par la défense collective, l'expulsion des troupes étrangères, la souveraineté sur les ressources naturelles et son rôle par rapport à la suprématie occidentale, où la République populaire de Chine et la Fédération de Russie ont accru leur influence sur le continent. Bien que son potentiel pour défier l'ordre occidental et promouvoir un développement endogène soit souligné, ses limites sont reconnues : sa courte existence et sa capacité limitée à projeter une influence panafricaine et à consolider un programme unificateur face à l'opposition des organismes régionaux.